Le Centre de Documentation sur les Violations dans le Nord de la Syrie (VDC-NSY) a publié un rapport à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, célébrée le 25 novembre de chaque année. Le rapport recense 176 femmes tuées et 420 blessées depuis le début de l’invasion militaire turque, dans le nord de la Syrie, qui a commencé le 20 janvier 2018 dans la région d’Afrin, au nord-ouest, et se poursuit aujourd’hui au nord-est, en particulier dans les régions de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et Girê Spî (Tall Abyad).
Le rapport indique notamment que 56 femmes et 83 enfants de moins de 14 ans ont été tués par l’armée turque à la frontière turco-syrienne, alors qu’ils tentaient de fuir les combats et trouver refuge en Turquie.
Le centre de documentation a également indiqué que la Turquie et les groupes djihadistes qui lui sont affiliés avaient arrêté 270 femmes depuis mars 2018 et que le sort de près de la moitié était inconnu à ce jour. Le rapport ajoute que les groupes armés soutenus par la Turquie ont arrêté 12 femmes depuis le début du mois de novembre 2019.
Au moins six cas de torture et d’exécutions de femmes sont recensés, notamment l’assassinat de la responsable politique kurde Hevrin Khalaf par le groupe djihadiste Ahrar al-Sharqiya. Le rapport cite encore l’exécution de deux infirmières d’une équipe médicale sur une route de Tal Abyad le 12 octobre et l’arrestation dans des conditions humiliantes d’une combattante des Unités de Protection des Femmes (YPJ), Cicek Kobani, par des djihadistes liés au groupe Failaq al-Majd. Il mentionne également la mutilation du corps d’une combattante des YPJ, Amara, près de la ville d’Aïn-Issa.
Le centre a documenté aussi l’arrestation d’une travailleuse de l’organisation humanitaire Croissant-Rouge kurde, filmée par des membres de la milice «Sultan Murad» qui menaçaient de la tuer.
Le VDC-NSY a rapporté par ailleurs qu’une jeune fille kurde, Roya Hanano Mustafa, du village de Ghazawa, dans la région d’Afrin, avait été enlevée le 15 novembre dernier par des hommes armés appartenant vraisemblablement au groupe djihadiste Failaq al-Sham. Il est précisé que les parents de la fillette ont été soumis à des chantage répétés et menacés par des militants de Failaq al-Sham. La famille accuse le commandement de cette milice d’avoir kidnappé sa fille pour demander une rançon.